19 mars 2024

Les Opérations de Paix (OP), c'est quoi ?

Une opération de paix (OP), aussi appelé opération de maintien de la paix, est une mesure non coercitive et temporaire qui est décidée par le Conseil de sécurité des Nations unies. Cet outil vise à déployer des troupes issues de pays “contributeurs” au sein d’un “État hôte” touché par un conflit avec pour objectif d’assister ce pays dans le rétablissement de la paix et de la stabilité. 

L’Organisation des Nations unies (ONU) se repose sur trois principes doctrinaux pour mener à bien ces missions :

Dans les faits, une opération de maintien de la paix est mise en place par un mandat décidé par le Conseil de Sécurité des Nations unies, et qui est renouvelable chaque année. Sur base du mandat, les opérations de maintien de la paix peuvent être appelées à :

  • prévenir le déclenchement des conflits ou empêcher qu’un conflit ne dépasse les frontières de l’État hôte ;
  • stabiliser des situations de conflits après un cessez-le-feu afin de créer un environnement propice à un accord de paix durable ;
  • accompagner des États ou des territoires pendant la transition vers un gouvernement démocratique.

Afin de mettre en place ces opérations de paix, l’ONU peut s’appuyer sur trois composantes : des forces militaires, des forces de police et des équipes civiles.

L’ONU peut mobiliser des personnels civils issus le plus souvent de ses propres rangs, mais ne dispose cependant pas d’une armée ou de forces de police à proprement parler. Les contingents onusiens de police et militaires sont donc fournis par des États membres des Nations unies extérieurs au conflit, que l’on appelle “pays contributeurs”. Certains États ne fournissent pas de troupes, mais apportent un soutien économique et financier. Un accord de mémorandum régit la mise à disposition des contingents et de l’appui financier entre le pays contributeur et l’ONU. Entre le 1er juillet 2021 et le 30 juin 2022, les pays contributeurs ont contribué aux opérations de paix onusiennes à hauteur de 6,38 milliards USD. Plus de 90 000 soldats, 14 000 civils et 9 000 policiers sont actuellement déployés parmi les 12 missions en cours.

UNMISS Force Commander Visit Rokon, South Sudan - Crédit image : UN Photo/Gregorio Cunha

Cadre institutionnel et légal des opérations de maintien de la paix

Les opérations du maintien de la paix et la sécurité collective ont pour base légale les Chapitres VI/VII/VIII de la Charte des Nations unies.

● Le chapitre VI comprend le « Règlement pacifique des différends ». Les opérations de maintien de la paix de l’ONU ont traditionnellement été associées à ce chapitre.

● Le chapitre VII reprend des dispositions concernant des « Actions en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression ». Ces dernières années, le Conseil a invoqué le Chapitre VII de la Charte lorsqu’il a autorisé le déploiement d’opérations de maintien de la paix dans des situations post-conflit très instables dans lesquelles l’État était incapable de maintenir l’ordre public et la sécurité.

● Et enfin, le chapitre VII planifie la participation des accords et arrangements régionaux dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, à condition que ces activités soient conformes aux vues et aux principes énoncés au Chapitre I de la Charte.

Le Conseil de sécurité suit constamment le déroulement des opérations de maintien de la paix de l’ONU, notamment sur la base des rapports que lui présente le Secrétaire général, mais aussi en tenant des réunions spécialement consacrées à l’examen des activités menées par telle ou telle opération. Le Conseil de sécurité peut prolonger ou modifier le mandat d’une mission ou y mettre fin, selon ce qu’il juge approprié.

La mise en place des OP revient au Département des Opérations de Paix (DOP) qui s’occupe de la direction politique et exécutive des opérations de maintien de la paix partout dans le monde. Il établit une relation privilégiée avec les membres du Conseil de sécurité, les pays fournissant des contingents et/ou des ressources financières et les parties au conflit dans chacun des pays où il est amené à intervenir pour accomplir les mandats qui lui sont confiés par le Conseil de sécurité. Quant à la logistique et l’implantation de la mission sur le terrain, c’est le Département d’Appui Opérationnel (DAO) qui en est chargé.

Photo : MINUSMA/Harandane Dicko - MINUSMA/Harandane Dicko

La réforme des opérations de maintien de la paix

Les premières opérations de maintien de la paix, de type unidimensionnel, consistaient à surveiller la situation sur le terrain, rapporter une violation de cessez-le-feu si nécessaire et rétablir la confiance entre les différentes parties grâce au personnel civil non armé et aux soldats, munis d’armes légères. L’exemple type d’une mission unidimensionnelle est celle de la première mission de la sorte, l’ONUST, fondée en 1948. Elle visait à surveiller l’application de l’Accord d’armistice entre Israël et ses voisins arabes.

Depuis, plusieurs réformes du maintien de la paix se sont succédées pour faire face à une hausse de la demande de maintien de la paix et à la complexification des environnements politiques dans lesquels les missions doivent évoluer. Suite aux échecs de l’ONU au Rwanda et en Bosnie, une nouvelle forme de mission, dite « multidimensionnelle » a été mise en place. Elle englobe de nouveaux éléments tels que des ressources opérationnelles appropriées, un personnel mieux formé et responsable et un meilleur leadership de la part des Nations unies pour établir une stratégie efficace.

En 2017, le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres a soumis une série de réformes concernant l’architecture de paix et de sécurité des Nations unies. C’est dans ce cadre qu’en 2018, l’Action pour le maintien de la paix (A4P) a été lancée, avec pour objectif de replacer le maintien de la paix au cœur des débats à New-York. Les États membres se sont aussi engagés à renforcer leur engagement politique pour résoudre les conflits.

MONUSCO's Pakistani Female Engagement Team in Uvira and Sange, Democratic Republic of the Congo