Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix des Nations unies (4 pages – octobre 2018)

Le maintien de la paix se retrouve une fois de plus à la croisée des chemins et doit évoluer pour faire face aux nombreux défis auxquels il est confronté. A l’instar des cinq missions les plus importantes, qui constituent désormais « le cœur de métier de l’ONU », à savoir, la MONUSCO, la MINUAD, la MINUSS, la MINUSMA et la MINUSCA, les opérations de maintien de la paix rencontrent de multiples difficultés. Les ressources et le soutien politique nécessaires à l’accomplissement de leur mandat se sont révélés insuffisants. Ces cinq missions sont principalement confrontées à l’évolution de l’environnement dans lequel elles opèrent, les Casques bleus faisant face à des menaces complexes et asymétriques auxquelles ils ne sont pas préparés, et à leur incapacité à poursuivre des stratégies claires de résolution des conflits avec une tendance à s’orienter vers des opérations de « gestion des conflits ».

Partant de ce constat unanimement partagé, le Secrétaire général des Nations unies, M. António Gutteres, a annoncé le 28 mars 2018 le lancement d’une nouvelle initiative appelée « Action pour le maintien de la paix » visant à remédier aux défis recensés. A cette fin, Antonio Guterres a formulé « six demandes immédiates » aux États membres de l’ONU. En premier lieu, il a appelé les membres du Conseil de sécurité au recentrage des OMP par la définition de mandats clairs et réalistes prévoyant les différentes étapes et les priorités. Il a ensuite demandé d’œuvrer en faveur de solutions politiques et du renforcement des partenariats avec les organisations régionales. M. Guterres a invité les pays hôtes à donner un plein consentement aux OMP et à coopérer activement avec elles. La cinquième demande s’adresse aux pays contributeurs de troupes qui se doivent d’améliorer la formation et la préparation (troupes mieux entraînées et équipées), y compris l’éthique des Casques bleus et des policiers dans un objectif de performance et afin d’en assurer une meilleure sécurité.

Cet axe de réforme fait l’objet de diverses initiatives portant sur la réorganisation des opérations physiques, comme la sûreté, la sécurité, le leadership et la performance, ainsi que sur l’arrêt de l’exploitation et des abus sexuels par les membres des Nations unies. Des actions sont également mises en place pour améliorer la formation préalable au déploiement et le contrôle des troupes pendant les missions, notamment via des évaluations et des analyses basées sur les « performances » des soldats de la paix.  En ce qui concerne la question des formations, le DOMP avait animé le 19 avril 2017, une réunion informelle qui a abouti à la définition d’un plan d’action concernant la réforme de la formation des contingents.  Pour finir, le Secrétaire général a demandé à ce que l’accent soit mis par les États sur les ressources humaines et financières nécessaires à la bonne réalisation des mandats. La question de l’adéquation entre les moyens et les objectifs se pose alors que certains États, au premier rang desquels les États-Unis, ont la volonté de réduire leur contribution financière au budget de l’ONU et que d’autres, sont réticents à exposer leurs troupes à des environnements difficiles et dangereux. On constate par ailleurs un écart croissant entre le nombre de personnels autorisés à être déployés dans les mission et ceux effectivement présents sur le terrain. Il semblerait donc que revenir à l’essentiel ne constitue pas un retour en arrière mais soit un prérequis pour assurer le succès des OMP à l’avenir : envoi de troupes de meilleure qualité, concentration sur les politiques et accompagnement de chaque effort par des stratégies et des objectifs concrets. La question reste alors de savoir si malgré les objectifs affichés et renouvelés de réforme du maintien de la paix, l’ONU va se donner les moyens de ses ambitions.