15 juillet 2024
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Séminaire de l’Observatoire à Entebbe en Ouganda – La formation du personnel en uniforme des opérations de paix : adapter le modèle actuel aux défis et enjeux contemporains – 22 mai 2024

Le GRIP, pilote de l’Observatoire Boutros-Ghali du maintien de la paix, a organisé le 22 mai un séminaire à Entebbe, en Ouganda, portant sur le thème « La formation du personnel en uniforme des opérations de paix : adapter le modèle actuel aux défis et enjeux contemporains ».  

Le séminaire du 22 mai entendait faire le point sur les besoins actuels identifiés en matière de formation tant des Casques bleus que des bérets bleus, sur l’évolution de ces besoins en fonction des constats de terrain, sur les nouveaux outils (notamment numériques) à disposition, et sur les défis et pistes d’amélioration pour le secteur. Un autre élément de discussion a été l’évolution à venir de l’infrastructure du maintien de la paix, notamment via la résolution 2719, qui entérine un rôle accru de l’Union africaine et des organisations sous-régionales africaines dans le maintien de la paix, une évolution qui entraînera des conséquences intrinsèques sur la façon dont les centres de préparation pré-déploiement africains forment et devront former leurs troupes.  

Cette journée a été organisée dans le cadre du partenariat de longue date avec la Direction Générale des Relations Internationales et de la Stratégie (DGRIS) du ministère des Armées français, partenaire fondateur de l’Observatoire, et avec le soutien du Centre régional de Conférence et de Formation (RTCC), au sein du Centre de service régional des Nations unies à Entebbe (RSCE), en Ouganda. 

Cet évènement s’est inscrit dans la continuité d’un récent échange sur cette thématique lors du précédent évènement de l’Observatoire sur le continent africain. En effet, le 10 mai 2023, le séminaire de l’OBG à Dakar avait organisé un panel de discussion sur le thème « Adapter l’offre de formation des Écoles de maintien de la paix (EMP) pour répondre aux défis des nouveaux mandats ». L’enjeu de la formation des casques bleus et bérets bleus avait également fait l’objet de multiples discussions lors de la première phase du projet Observatoire Boutros-Ghali.  

Cette journée de rencontres a été suivie le lendemain par un atelier de réflexion des centres de formations francophones au maintien de la paix, organisé avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie, ainsi que par une journée de visite du centre de service régional RSCE des Nations unies.  

La journée a été initiée par un mot d’accueil de Paulin Djomo Metanhi, directeur du RSCE, ainsi que par une session introductive présentant les axes et modalités d’échanges de la journée et animée par Solène Jomier, coordinatrice de l’Observatoire Boutros-Ghali et chercheuse au GRIP.  

Galerie Photo  

 

Retrouvez ici le programme et le synopsis de l’événement  

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Panel 1 – Adapter l’offre de formations aux besoins émergents : défis et perspectives 

 

Le premier panel a réuni 4 intervenants et intervenantes, a été modéré par Clémence Buchet-Couzy, membre de l’équipe de l’Observatoire et chercheuse au GRIP. 

Voir le Programme du Panel 1   

En premier lieu, le Général Babacar Faye, de la Direction de l’État-Major – Bureau des affaires militaires – opérations de paix du Sénégal, est revenu sur le parcours du Sénégal en tant que Pays Contributeur de Troupes (PCT) du maintien de la paix onusien, et sur ses actions pour préparer les troupes sénégalaises en amont de leur déploiement. Entre autres formations mises en place, il a cité celles sur la protection des civils, le déminage, l’escorte de convoi, le maintien en condition des équipements, les règles de comportement (DIH, règles d’engagement), la sensibilisation sur l’environnement socio culturel du lieu de déploiement, et la connaissance du système onusien. Il a souligné l’existence du calendrier des actions de formations au Sénégal (CAFES), un document qui centralise l’offre de formation sur une base annuelle, permettant de mieux comprendre les parcours de formation induits. Il a également mis en avant l’importance de la diversité, à la fois des partenaires soutenant la formation des troupes sénégalaises, mais aussi celle des modules de formation, qui doivent perpétuellement s’adapter grâce aux retours et enseignements de terrain.  

Le Général Régis Colcombet, directeur de la coopération de sécurité et de défense (DCSD) au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) français, a lui aussi constaté la complexification du terrain des OP (défis logistiques, environnementaux, désinformation, perception et image des OP, etc.), qui implique le développement de nouvelles formations. Celles-ci doivent permettre non seulement l’acquisition d’un savoir faire technique, mais aussi d’un savoir-être. Il a mis en avant l’implication de la France dans la formation des casques bleus (logistique, santé, déminage), en particulier la formation de formateurs, ainsi que son appui auprès de centres de formation partenaires afin d’améliorer l’interopérabilité des troupes. Il a identifié deux axes de travail pour le secteur de la formation : 1) améliorer la prise en compte du RETEX (retour d’expérience), faisant écho aux propos du Général Faye, 2) mettre en place plus de formations destinées aux sous-officiers, moins souvent bénéficiaires de ce type d’enseignement, malgré leur rôle essentiel dans la « colonne vertébrale du commandement ».  

Au-delà de la compréhension étatique classique de la formation du personnel en uniforme proposée par les représentants du Sénégal et de la France, la Professeure Aicha Pemboura, Chercheuse associée à l’Observatoire Boutros-Ghali, a présenté un outil innovant de la formation : les équipes mobiles de formation (EMF, ou MTT en anglais). Elle prépare actuellement une étude à ce sujet pour l’Observatoire. Les EMF peuvent être mises en place à la fois par des acteurs transversaux comme le United States Institute for Peace (USIP), mais aussi par des centres de formation nationaux (école de l’EMP Bamako, école du KAIPTC au Ghana). Elles permettent de compléter l’offre de formation offerte aux apprenants, notamment sur des thématiques récemment identifiées ou en déficit de formateurs, comme par exemple les formations sur la médiation, sur la lutte contre les abus sexuels, ou bien encore la lutte contre les engins explosifs improvisés. Mme Pemboura souligne les défis importants de coordination associés à cet outil, mais aussi les enjeux pédagogiques. Sur ce dernier point, elle estime que la question de l’interculturalité (différence linguistique, socio culturelle entre les enseignants et les apprenants) doit être mieux prise en compte dans l’élaboration et l’adaptation de ce type de cours, dont elle encourage la multiplication.  

De son côté, la Dr Anne-Xuan Nguyen, Chercheuse au GRIP et à l’Observatoire Boutros-Ghali du maintien de la paix, co-autrice de  l’étude « Les désordres informationnels au sein des opérations de paix en milieu francophone. Enjeux, réponses et limitations actuels » publiée par l’Observatoire, s’est attardée sur le cas de la lutte contre la désinformation dans les OP, un besoin de plus en plus pressant pour les missions. Elle appelle à une meilleure préparation du personnel en uniforme sur ces questions, pour lesquelles le nombre de formations disponibles reste encore très insuffisant, en particulier au regard du caractère exponentiel de ce phénomène. Elle rappelle aussi que la formation doit aller au-delà du seul personnel onusien, et aussi inclure des actions auprès des journalistes locaux et de la population civile, afin d’éviter le risque de silos. Elle plaide pour une collaboration plus étroite entre les acteurs de la recherche académique et les praticiens de terrain au service de l’amélioration rapide du contenu des formations, sur la base du partage d’informations et des leçons apprises. Elle prend pour exemple le GIEC, qui a mis en place ce type de collaboration de manière systématisée, et appelle à une approche similaire sur le maintien de la paix.  

 

La session de Question/réponse a notamment évoqué la nécessité d’un meilleur partage des leçons apprises entre les PCT, afin de nourrir la réflexion et le perfectionnement de la préparation des troupes. Elle a aussi fait ressortir le travail du Sénégal en matière de formation et de prise en compte de la santé mentale. La question de l’évaluation des EMF a également été soulevée, la Professeure Aicha Pemboura soulignant le besoin d’études et d’évaluation plus transversales de ce type d’outils innovants.  

 

 

Intervention Principale par la RSSG Bintou Keita, cheffe de la MONUSCO –  La formation des Casques bleus face aux nouveaux défis du maintien de la paix  

 

L’intervention principale de cette journée a été assurée par la Représentante spéciale du secrétaire général en RDC, et cheffe de la MONUSCO, Bintou Keita. La modération a été assurée par Paulin Djomo, chef du RSCE.  

 

Voir le Programme de l’Intervention Principale   

 

La RSSG Bintou Keita a fait le point sur les difficultés rencontrées sur le terrain par la mission de la MONUSCO, soulignant que les missions font face à des environnements de plus en plus polarisés. Dans ce contexte, les outils classiques de formation sont de plus en plus contestés. Elle identifie trois défis principaux rencontrés sur le terrain, appelant à leur meilleure prise en compte par les acteurs de la formation :  

  • La sensibilité culturelle et la barrière linguistique,  
  • La conduite et discipline des troupes, 
  • La communication et les nouvelles technologies.  

Sur le premier point, elle s’attarde sur les difficultés que peuvent représenter la traduction de concepts et d’idées clés du maintien de la paix, certaines langues ne disposant pas de termes réellement équivalents. Cela freine aussi l’appropriation par certains personnels de concepts clés. Elle encourage une meilleure préparation à la fois des assistants linguistiques qui traduisent au sein des OP, mais également des personnels susceptibles d’interagir directement avec eux, afin de garantir la bonne compréhension entre eux. Elle rappelle aussi qu’il peut exister des incompréhensions de part des cultures de travail, par exemple le milieu militaire, qui est marqué par une structure très cadrée et hiérarchique, et qui peut être un obstacle à une interaction pacifiée avec des populations civiles.  

Sur les enjeux de conduite et discipline, elle insiste sur le fait que l’impeccabilité de comportement est un attendu majeur des OP ; mais toujours problématique. Il est impératif à ses yeux que ce qui est peut-être « toléré ailleurs » reste inadmissible dans l’enceinte des Nations unies. Elle rappelle que ces difficultés qui ne concernent que quelques éléments risquent de devenir le narratif pour tous, entachant durablement l’image des OP. Elle appelle à une meilleure formation sur cet enjeu, au-delà d’un enseignement théorique, afin de garantir la bonne appropriation des apprenants. En perspective du retrait annoncé de la MONUSCO, elle insiste aussi sur l’importance pour l’ONU de poursuivre la soutien et l’assistance aux victimes des abus commis par les casques bleus au-delà du désengagement de la mission.  

Enfin, elle s’intéresse au lien entre la communication, les nouvelles technologies, et les enjeux linguistiques précédemment identifiés. La capacité des missions à produire une communication efficace et adaptée influe directement sur la sûreté et la sécurité des casques bleus. Pour ce faire, il faut comprendre les nouveaux usages des nouvelles technologies, des médias, des réseaux sociaux, ce qui implique un certain changement générationnel dans les mentalités du personnel onusien.   

En conclusion, elle appelle à ce que la chaîne de formation ait une compréhension plus aigüe des changements de réalité par rapport aux doctrines. Elle réitère aussi son attachement à la protection des civils, qui reste au cœur de la mission des OP.  

 

La session de Question/réponse a notamment mis en avant le besoin de renforcer les capacités de formation sur le continent africain via des centres régionaux de formations, une capacité actuellement défaillante en français. La RSSG a aussi souligné le rôle de la MONUSCO en tant que fournisseur de formation auprès des troupes congolaises, et a rappelé l’importance de répondre aux demandes prioritaires de l’état hôte (ici en l’occurrence une formation pour du combat en situation de jungle, une autre sur la lutte contre les IED ou bien encore sur la gestion des manifestations par la police). Elle a aussi insisté sur l’importance pour la force en uniforme des OP de bien comprendre et intégrer les décisions d’ordre politique, au service de l’unité de l’action onusienne.  

Panel 2 – La formation du personnel déployé : enjeux, apports et contraintes 

 

Le second panel a réuni 3 intervenants et intervenantes, a été modéré par Philippe Renard, chef de l’équipe mobile de formation du Service de la lutte antimines des Nations unies (UNMAS).  

Voir le Programme du Panel 2   

Paulin Djomo, directeur du RSCE, a entamé la discussion par une présentation des activités de formation proposées par le centre d’Entebbe. Celui-ci dispose de 4 unités de formation : le centre régional de Conférence et de Formation (RTCC), le UN C4ISR Academy for Peace Operations (UNCAP), la Peacekeeping Intelligence Academy (PKIA) et le UN Mine Action Service (UNMAS). Ces capacités mutualisées permettent de répondre à des besoins de formation très divers (médecine, formation de formateurs, nouvelles technologies, sûreté du personnel, administration des missions, etc.) tout en limitant les coûts de l’enseignement. Ces outils répondent à la fois aux objectifs de la formation continue de moyen et long-terme, ainsi qu’aux objectifs plus immédiats de la formation in situ ; le tout sur un lieu à proche distance de plusieurs missions, ce qui facilite l’accès et la participation des personnels visés. Le centre a été conçu pour améliorer l’adéquation entre la formation et les défis du terrain des missions et continuera les efforts en ce sens. De manière plus transversale, Paulin Djomo identifie plusieurs axes pour optimiser et perfectionner le secteur de la formation : 1) diversifier les formations et les modes de formation 2) renforcer la coopération entre les Etats contributeurs sur le continent africain pour mieux répondre aux enjeux de multilinguisme et d’interculturalité 3) anticiper les défis liés à la résolution 2719.  

 Voir la présentation de Paulin Djomo

 

Le colonel camerounais Auguste Piccard Same Nkelle, Directeur technique et logistique au sein de l’EIFORCES, a proposé un retour d’expérience riche d’enseignements suite à son déploiement au sein de la MISCA puis de la MINUSCA, entre 2013 et 2015. En tant qu’officier de police, il a assuré une série de formations des troupes in-situ lors de ces deux missions. Il a fait état de nombreux défis rencontrés, notamment un fort déficit capacitaire au niveau du nombre de formateurs qualifiés, un manque d’infrastructures adéquates, et un manque de matériels didactiques. Ces éléments ont rendu complexe la formation de troupes qui rencontraient une situation de forte pression sur le terrain suite à leur déploiement rapide. La transition de la MISCA (liée à l’UA) à la MINUSCA a aussi impliqué l’intégration de nouvelles normes et de nouveaux standards de formation, une mise à nouveau délicate pour des troupes déjà actives sur le terrain.  Certaines formations ont dû être organisées lors des moments de repos du personnel, augmentant les risques de fatigue et de manque d’attention. Le Colonel souligne l’importance de mieux préparer les formateurs, de créer les bonnes conditions d’enseignement, ce qui participe à la bonne compréhension et l’intégration des notions.  

 

Pour compléter, Herbert Loret, Chef d’équipe au sein du Mécanisme de coordination léger du Département des opérations de paix de l’ONU, a rappelé que les Pays contributeurs de troupes se sont engagés à mettre à disposition des « troupes bien formées et bien équipées ». Dans la pratique, ces objectifs ne sont pas toujours atteints, d’où l’importance de poursuivre la formation pendant le déploiement et de manière continue. Un enjeu intrinsèque à cette situation est celui de l’évaluation de la conduite et discipline des troupes, un travail difficile et délicat pour l’ONU car basé sur des critères qualitatifs. Pour ce faire, des programmes de mentorat ont été mis en place dans certaines missions. Des personnels expérimentés effectuent une à trois visites par an au cours du déploiement, afin d’aider à l’évaluation des troupes et établir si l’information a été correctement apprise, retenue et appliquée. Poursuivant sur le thème de la conduite et discipline des troupes, Herbert Loret estime qu’un maillon faible en la matière sont les officiers juniors et sous-officiers, peu visés par des formations spécifiques, faisant écho aux propos du General Colcombet. Une amélioration du parcours de formation doit aussi passer par l’expansion du champ d’enseignement, au-delà des seuls domaines militaire et technique, pour instiller un autre état d’esprit. Ce dernier doit permettre au personnel déployé de travailler main dans la main avec les équipes civiles, mais aussi d’interagir de manière plus appropriée avec les populations locales.  

La session de Question/réponse a notamment permis de mettre en avant le besoin de lisser les différences de doctrine militaire entre les différents PCT, au service d’une meilleure intégration du personnel des OP. De manière sous-jacente, la question des standards de formation est donc prééminente. Un autre aspect discuté a été le besoin, de manière plus transversale, que le personnel formé acquiert un certain sens des responsabilités, prenne la mesure des attentes liées à un déploiement et ce à chaque étape de leur parcours de formation.

 

Panel 3 : Assurer la résilience des acteurs de la formation : pérenniser les enseignements et les compétences 

  

 

Le troisième panel a réuni 3 intervenants et intervenantes, a été modéré par la Professeure Aicha Pemboura, Chercheuse associée à l’Observatoire Boutros-Ghali.  

Voir le Programme du Panel 3   

 

Le Colonel Vincent Nicaise Gnamolende, Chef de la Cellule Plans et Opérations de la Division des Opérations de Soutien à la Paix de l’Union africaine, est revenu sur le rôle de l’Union africaine en tant qu’acteur de la sécurité sur le continent, notamment à travers ses missions d’imposition de la paix, dont une majorité sont placées sous le Chapitre VIII de la Charte des Nations unies. Rappelant que la doctrine de formation de l’Union africaine de 2006 est actuellement en pleine révision, il souligne les efforts de l’UA en matière de cadre normatif. Il précise que de nouveaux documents sur l’entrainement des troupes sont actuellement en cours d’élaboration. Il déplore le manque de liens actuels entre l’UA et les différents centres de formation francophone, la vaste majorité des formations établies par son organisation étant en anglais. Cette barrière de la langue est un frein à la diffusion des contenus de formation de l’UA, et représente un défi majeur à adresser dans les prochaines années. Il estime que la mise en réseau des centres de formation, et l’identification de centres d’excellence sur le continent africain sont des étapes indispensables pour améliorer le secteur. Enfin, il souligne l’importance du RETEX et du travail après le déploiement du personnel, un aspect pour l’heure encore trop peu considéré.  

Eleanor Pavey, de l’Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (UNITAR), a présenté les différentes activités proposées par son équipe. Envisageant le secteur de la formation dans son ensemble, elle estime qu’un défi majeur est celui d’identifier et recruter du personnel de formation compétent, déplorant tout particulièrement le faible nombre de femmes dans la profession. La formation rencontre aussi des enjeux pédagogiques majeurs, puisqu’elle estime qu’à l’heure actuelle « le message ne passe pas ». Elle encourage les professionnels à innover, notamment à travers une approche holistique de l’enseignement, un meilleur suivi post-formation, un RETEX efficace, de la formation continue, voire de nouvelles méthodologies de travail. Par exemple, elle estime que certains besoins exigent non pas une formation mais plusieurs, complémentaires, et de préférence en mettant les apprenants en présence d’autres types de personnel (y compris civil) afin de faciliter la compréhension et l’interopérabilité. Elle recommande des approches interactives, soulignant que les apprenants adultes déjà actifs professionnellement ont besoin de méthodologies d’apprentissage différentes de celles des enfants et étudiants. Déplorant les défaillances en termes de RETEX, elle appelle les acteurs du secteur à partager plus souvent les leçons apprises, malgré la sensibilité politique que cela engage. Il existe un besoin clair de leadership sur ce partage des leçons apprises.  

Clôturant ce panel, le Lieutenant-Colonel Philippe Barrovecchio, Chef de la division opérations de l’état-major interarmées des Éléments français au Gabon (EFG), a proposé un aperçu du rôle de son équipe pour appuyer la montée en capacité des troupes gabonaises. Il constate lui aussi les difficultés à disposer d’un nombre suffisant d’instructeurs. C’est un enjeu important car un formateur compétent peut adapter judicieusement une formation à sa classe et peut apporter une continuité cadrante pour les apprenants. Pour pallier cet écueil, les EFG apportent une attention particulière à l’identification de potentiels formateurs pendant les formations en elles-mêmes, afin d’encourager les vocations et consolider les capacités en la matière. En lien direct, il est important de consolider la formation des formateurs, afin de pérenniser la compétence et construire des bonnes pratiques au sein de la formation pré-déploiement. Il faut aussi renforcer l’appropriation des apprenants, qui reste perfectible. Il précise que cette appropriation porte autant sur les formations et compétences liées, que sur l’appropriation des équipements qui seront mis à disposition pendant le déploiement (véhicules, armes, infrastructures) afin de faciliter la prise en main. Enfin, revenant sur les enjeux de RETEX, il a encouragé le secteur de la formation à trouver un bon équilibre entre partage des informations et respect de la sensibilité du sujet.  

 

La session de Questions/réponses a permis de mettre en lumière des exemples d’innovations en matière de formats de formations, qui donnent la priorité à l’interactivité : jeux de rôle, simulations, cas d’études, formations en ligne. Les formations de type hybride (un temps en distanciel puis un temps en présentiel) semblent montrer des résultats encourageants. Séparément, la discussion a permis d’évoquer le nouveau partenariat entre l’UA et l’ONU afin de faciliter les échanges d’expériences entre ces deux structures.  

 

Solène Jomier, chercheuse au GRIP et coordinatrice de l’Observatoire Boutros-Ghali, a proposé pour clôturer cette journée un résumé des échanges et quelques pistes de réflexion transversale.  

  

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