28 mars 2024
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Discussions et dissonances en amont du renouvellement du mandat de la MINUSMA

Le Conseil de Sécurité (CSNU) s’est réuni au niveau ministériel jeudi 11 juin 2020 par visioconférence afin d’échanger sur la situation sécuritaire au Mali et sur le renouvellement du mandat de la MINUSMA prévu ce mois-ci.

Les 15 États-membres, aux côtés de l’Union africaine et du Mali, ont pu s’exprimer en faveur du renouvellement du mandat de la Mission, même si certains avis divergeaient concernant l’évolution des effectifs et le bilan à tirer de l’intervention onusienne.

Présidant le Conseil de sécurité pour le mois de juin, la France, à travers Jean-Yves Le Drian (Ministère des Affaires étrangères), a affirmé que la MINUSMA restait « le meilleur outil de la communauté internationale pour soutenir les Maliens ». Il a également invité tous les États à soutenir le plan d’adaptation de la MINUSMA. Le Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres rappelait au mois de janvier 2020 que le plan d’adaptation a pour objectif de transformer la MINUSMA en « une opération plus agile, mobile et flexible, dotée d’unités spécialisées et de capacités renforcées, notamment en matière de moyens aériens ».

Jean-Yves Le Drian a également précisé que le renouvellement du mandat est l’occasion de rappeler l’importance de la protection des civils, des droits humains et de la lutte contre l’impunité. S’exprimant au nom du président de la Commission de l’Union africaine, Pierre Buyoya, le Haut représentant de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel, a souligné que dans le contexte de dégradation de la situation sécuritaire que connait le Mali (surtout dans la zone dire des « trois frontières »), la plupart des victimes d’affrontements intercommunautaires et des attaques commises par les groupes armés sont des civils.

Se déclarant également en faveur du renouvellement de la MINUSMA, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont annoncé avoir augmenté et/ou prolongé leur engagement au sein de la Mission. En effet, le parlement allemand a récemment approuvé l’engagement militaire allemand pour une année supplémentaire et le Royaume-Uni a augmenté ses troupes.

En revanche, les États-Unis de leur côté ont appelé à entrevoir un plan de retrait de la Mission et à se concentrer, le temps restant, sur l’efficacité de la Mission. Kelly Night Craft, Représentante des États-Unis auprès des Nations unies, a néanmoins affirmé le soutien de son pays au renouvellement de la MINUSMA.

Dans la lettre mensuelle du mois de juin de l’Observatoire Boutros-Ghali, la question des dissensions entre les États-Unis et la France à l’égard du mandat de la MINSUMA et de son leadership a été abordée. La Lettre revenait sur un article du journal Foreign Policy, selon lequel, depuis trois ans, les États-Unis « ont remis en question le bien-fondé de la MINUSMA ».

De plus, le mandat de chef de la MINUSMA de Mahamat Saleh Annadif se terminant au début de l’année 2021, les États-Unis souhaiteraient nommer un Américain à la tête de la mission : David Gressly. Actuellement déployé à la MONUSCO en tant que Représentant spécial adjoint de la Mission, le diplomate américain a également exercé en tant que Chef de mission du Bureau des Nations unies au Mali et Représentant spécial adjoint du Secrétaire général par intérim pour la MINUSMA.

Cependant, selon l’article et d’après des sources internes à l’ONU, la France préfèrerait que le poste soit occupé par un candidat africain originaire d’un pays francophone.

 De plus, les États-Unis ont longtemps exprimé leur scepticisme à l’égard de l’approche française, citant l’échec des Nations unies, de Paris et de ses alliés africains (plus particulièrement de la Force conjointe du G5-Sahel) à freiner la montée en puissance des groupes armés terroristes et « à négocier la paix entre le gouvernement central du Mali et les Touaregs du Nord ».

L’Observatoire rappelait également que Bintou Keita, Sous-secrétaire générale des Nations unies pour l’Afrique, et El Ghassim Wane, ancien Directeur du Département « Paix et Sécurité » de la Commission de l’Union africaine et ex-Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix de 2015 à 2017, sont également envisagés pour le poste.

Crédits image : UN Photo/Eskinder Debebe

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