17 juillet 2024
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Mise à jour COVID-19 : un défi additionnel au maintien de la paix

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré le 11 mars que l’épidémie de COVID-19 était devenue une pandémie. Le 14 avril, ses chiffres s’élevaient à près de deux millions de cas confirmés dans 203 pays et territoires, parmi lesquels plus de 120 000 victimes. Sur le continent africain, les pays se prémunissent contre l’expansion de la menace sanitaire, alors que certains font déjà face à des menaces sécuritaires qui exercent une pression constante sur leurs ressources. Toujours selon l’OMS, en date du 1er avril, bien qu’un nombre relativement plus faible de cas confirmés ait été signalé en Afrique, « nous sommes conscients que le COVID-19 pourrait avoir de graves conséquences sociales, économiques et politiques pour ces régions ».

Dans le domaine du maintien de la paix, bien que la facilitation de l’acheminement et de l’accès à l’aide humanitaire aux personnes dans le besoin soit au cœur des mandats des opérations de paix (OP), la lutte contre les pandémies n’y est pas inscrite. Afin d’endiguer le risque de propagation du virus et de s’adapter à ce nouveau type de menace, le Département des Opérations de paix (DOP) a annoncé que « certains pays ont été priés de retarder de trois mois la rotation des effectifs militaires et de police pour maintenir leur force opérationnelle et exécuter les tâches qui leur ont été confiées ».

La Constitution de l’OMS rappelle l’interdépendance entre le maintien de la paix et la protection de la santé mondiale, à savoir que « la santé de tous les peuples est fondamentale pour la réalisation de la paix et de la sécurité ». À ce titre, la menace pandémique qui pèse sur l’Afrique et les capacités des OP déployées en zones de crise représente une nouvelle dimension aux menaces sanitaires à risque transfrontalier. Outre les guerres asymétriques, la menace sanitaire imminente nécessite également une adaptation du maintien de la paix et des mandats des OP aux risques que représenterait une flambée de cas de COVID-19 sur le continent.

De plus, depuis la récente crise de financement du maintien de la paix, les OP sont soumises à une pression considérable au vu de mandats complexes et de la diminution des ressources allouées. Le Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres ayant récemment déclaré que « les OP et les entités des Nations unies présentes sur le continent africain sont mobilisées pour aider les pays à faire face à une propagation du coronavirus tout en poursuivant leur mandat », la menace du coronavirus risquerait ainsi d’alimenter davantage cette pression.

Finalement, de manière plus institutionnelle, la pandémie a contraint le Conseil de sécurité à repenser ses moyens de débattre et de voter les résolutions et autres documents de travail. Ce fonctionnement inhabituel pourrait avoir des implications sur la gestion des questions de paix et de sécurité internationales. Selon le règlement intérieur provisoire du Conseil de sécurité, « l’intervalle entre les réunions ne doit pas dépasser quatorze jours ». Les États membres marquent leur détermination à assurer la continuité des travaux du Conseil, en conformité avec la Charte des Nations unies et le règlement intérieur.

MINUSCA

La Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation de la République centrafricaine (MINUSCA) a mis en place un dispositif d’isolement de 14 jours pour son personnel ayant transité par un pays à transmission locale ; elle a également décidé de la suppression des rotations de ses contingents, et de tous types de congés, ainsi que de l’interdiction du retour de son personnel actuellement en congés. Enfin, les vols non-essentiels de la Mission ont été annulés.

Par ailleurs, les Bérets et Casques bleus de la MINUSCA ont fourni un appui matériel et technique à l’aéroport de Bangui pour diagnostiquer les voyageurs : « Des médecins de la Police des Nations unies et de la Force de l’opération de paix contribuent au contrôle à l’aéroport de Bangui » selon le chef de la composante police de la MINUSCA, le général Pascal Champion.

La Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général de l’ONU en RCA a également dit lutter contre les fausses informations et la stigmatisation menée contre le personnel des Nations unies et des ONG et « accusant les étrangers de véhiculer le coronavirus dans le pays ».

Afin de juguler la vague de coronavirus,  Yao Agbetse, Expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits humains dans le pays, a également appelé à la fin des hostilité et au respect de l’Accord de paix. Si ces mesures ne sont pas respectées, la RCA « court vers une catastrophe sanitaire ». La RCA a enregistré son premier cas confirmé le 14 mars. Le 14 avril, le pays comptait 11 cas confirmés.

MINUSMA

La Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation du Mali (MINUSMA),  a quant à elle, pris également des mesures de soutien aux autorités sanitaires du Mali, alors que le pays a enregistré 123 cas confirmés, dont 10 victimes (en date du 14 avril). Elle appelle à respecter les directives ordonnées par le gouvernement. De plus, tout comme la MINUSCA, la Mission déplore la diffusion de fausses informations et rumeurs sur le virus, et indique qu’elle continuera de communiquer régulièrement et en toute transparence sur l’évolution de la situation dans le pays.

MONUSCO

En République démocratique du Congo (RDC), qui compte 235 cas de personnes infectées par le COVID-19 (dont 20 décès, en date du 13 avril), la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) a annoncé au cours du mois de mars que l’OMS a commencé à fournir un appui technique et matériel (notamment des kits de tests de laboratoire des laboratoires nationaux) ainsi qu’à renforcer les capacités des équipes d’intervention rapide.

La RDC se remet prudemment de l’épidémie d’Ebola dans l’Est du pays, avec la libération le 3 mars 2020 de la dernière patiente guérie du virus. La RDC avait salué l’absence de cas recensé depuis le 17 février 2020. Le pays devait proclamer la fin de l’épidémie le 13 avril, mais deux décès ont été comptés avant cette date, repoussant alors l’annonce de 42 jours. Le Dr Socié Fall, Directeur adjoint de l’OMS, a déclaré à cet égard que face à ce nouveau virus l’expérience acquise dans la lutte contre la fièvre hémorragique Ebola pourrait aider les autorités congolaises à faire face.

De plus, Leila Zerrougui, RSSG et Cheffe de la MONUSCO a également appelé à la cessation des activités hostiles envers la paix et la sécurité du pays afin de garantir que l’assistance sanitaire, et plus largement l’assistance humanitaire, « arrivent jusqu’à ceux qui en ont le plus besoin ».

Pour vous tenir au courant, le Département des opérations de paix des Nations unies (DOP) a créé un fil twitter bilingue « COVID-19 impact on peacekeeping (les impacts du COVID-19 sur le maintien de la paix, en français) ».

Crédits image : ONU/MINUAD

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